Les changements climatiques menacent les droits humains les plus fondamentaux, notamment le droit à la vie, à l’eau et à la santé.
Les Tunisiens en ont eu un avant-goût cet été : épisodes caniculaires successifs, sécheresse, feux de forêt, problème d’eau… L’effet de serre se fait ressentir, ainsi que les conséquences du réchauffement climatique. Une bombe à retardement.
Si l’enjeu est planétaire, la Tunisie ne saurait se soustraire à cet effort commun salutaire : faire face au changement climatique et lutter contre les inégalités.
L’instabilité politique, le relâchement général et les abus en tous genres restés dans l’impunité ont lourdement impacté l’environnement, entravé la mise en œuvre de nombreux programmes et causé de graves dégâts. L’accélération changement climatique risque de basculer la Tunisie dans de multiple vulnérabilités.
Une urgence à agir mais une léthargie générale semble s’installer
Bien que limitées par rapport aux autres pays, les émissions de gaz à effet de serre s’élèvent en Tunisie à 35 millions de tonnes équivalent CO2. Elles proviennent essentiellement de l’énergie (60%), de l’agriculture (22%), de l’industrie (11%) et des déchets (6%). L’ambition du pays est de réduire son intensité carbone de 45% à l’horizon 2030 par rapport à son niveau de 2010.
Les chantiers sont aussi nombreux qu’urgents. De la reconversion industrielle à la transition énergétique, mais aussi l’agriculture, la santé, le bâtiment, le tourisme ou le transport, toutes les filières sont concernées.
Où trouver ces financements ? A quelles conditions ? La communauté internationale est-elle prête à mettre la main à la poche pour y contribuer ? Difficile d’y croire.
Si les plus avertis, en Tunisie, estiment qu’il y a urgence à agir, une léthargie générale semble s’installer. Faute de stabilité, de suivi dans les actions, de renforcement continu de capacité, d’éducation renouvelée et de campagnes massives, la Tunisie est encore loin de la mobilisation nécessaire.
Il faut reconnaître que les pouvoirs publics n’y aident pas suffisamment et la démocratie est menacée par le changement climatique.
Clarifier le débat sur la transition nous ouvre la voie aux bifurcations nécessaires
La stratégie nationale bas carbone adoptée, définit bien une trajectoire globale de réduction des émissions, avec des déclinaisons sectorielles et une batterie d’indicateurs, mais son influence sur les politiques publiques, tant nationales que locales, reste encore marginale.
Plusieurs obstacles expliquent cette difficulté :
• L’horizon très long du changement climatique, incompatible avec le « court-termisme » de la plupart des acteurs publics et privés ;
• L’incertitude liée à l’émergence de risques nouveaux engendrés par la crise climatique freine les investissements ;
• Les volumes de financement requis par la transition, vont au-delà des capacités de la majorité des acteurs publics, alors que la finance privée ne semble toujours pas prête à contribuer si ce n’est marginalement ;
• L’absence d’objectifs contraignants au niveau des secteurs et des types d’activité ;
• La faible mobilisation des partenaires sociaux et de la société civile dans les changements requis par la transition.
En un mot, les illusions rassurantes et le « Green washing », risquent de nous enfermer dans des trajectoires insoutenables. Le verdissement de façade, la récupération d’un discours environnementaliste vidé de sa substance, la mise en place d’innovations aux effets « écologiques » douteux, biaisent le débat public et empêche des choix démocratiques éclairés avec le risque de captation de la transition par les intérêts dominants.