Entre Souveraineté et Autoritarisme : La Tunisie de Kaïs Saïed

Dans les arcanes du pouvoir tunisien, une énigme persiste : Kaïs Saïed. Depuis son élection en 2019, il a suscité controverses et inquiétudes. Mais alors que les Tunisiens aspirent à un changement véritable, les actions de Saïed ont souvent démenti ses discours populistes, laissant planer un doute sur sa légitimité et sa capacité à gouverner. De plus, ses actions au pouvoir ont souvent été en contradiction avec ses paroles, notamment en ce qui concerne ses positions sur des questions sensibles telles que la souveraineté nationale et la Palestine. Ses actions ont montré son véritable visage.

Dans les arcanes du pouvoir tunisien, une énigme persiste : Kaïs Saïed. Depuis son élection en 2019, il a suscité controverses et inquiétudes. Mais alors que les Tunisiens aspirent à un changement véritable, les actions de Saïed ont souvent démenti ses discours populistes, laissant planer un doute sur sa légitimité et sa capacité à gouverner. De plus, ses actions au pouvoir ont souvent été en contradiction avec ses paroles, notamment en ce qui concerne ses positions sur des questions sensibles telles que la souveraineté nationale et la Palestine. Ses actions ont montré son véritable visage.

En juillet 2021, Kaïs Saïed a pris une série de décisions radicales qui ont bouleversé la scène politique tunisienne. Il a suspendu le Parlement, limogé le Premier ministre et levé l’immunité parlementaire des députés. Ces mesures, putschistes ont plongé la Tunisie dans une crise politique profonde, menaçant les bases fragiles de sa jeune démocratie.

Sous couvert de lutte contre la corruption, Saïed a instauré un climat de répression intense. Depuis son accession au pouvoir, il n’a cessé de dénoncer les élites politiques et économiques, les accusant de trahir les idéaux de la révolution de 2011. Les arrestations arbitraires et les procès expéditifs se multiplient, visant de nombreuses personnalités influentes de la société civile et des figures politiques. Ce retour aux pratiques autoritaires met en péril les acquis démocratiques obtenus au prix de lourds sacrifices.

L’une des principales stratégies de Saïed pour justifier ses mesures autoritaires est l’accusation de corruption généralisée parmi les élites. Bien que la corruption soit un problème réel en Tunisie, l’usage de ce prétexte pour consolider le pouvoir et réduire au silence les opposants politiques suscite de vives inquiétudes. Des figures de proue de l’opposition, des activistes et même des juges ont été arrêtés sur la base d’accusations souvent floues et peu étayées, créant un climat de peur et d’incertitude.

Le contrôle des médias est une autre facette de la répression sous Saïed. Des journalistes critiques du gouvernement ont été harcelés, arrêtés…  et plusieurs médias privés ont fait face à des pressions croissantes. La liberté de la presse, l’un des acquis majeurs de la révolution tunisienne, est ainsi gravement menacée. Ce musellement des médias complique l’accès à l’information.

Kaïs Saïed a fait de la souveraineté nationale un pilier central de son discours politique. Il a promis de libérer la Tunisie de l’emprise des puissances étrangères et des institutions financières internationales. Cependant, il a contraint la Tunisie à recourir à des prêts internationaux, souvent assortis de conditions strictes. Cette dépendance économique accrue contraste fortement avec ses promesses de campagne.

En dépit de ses critiques acerbes contre les grandes entreprises internationales, Saïed a récemment signé un accord avec Total pour un projet d’hydrogène vert en Tunisie. Ce partenariat suscite des interrogations sur la cohérence de son discours populiste, dénonçant d’un côté l’influence des entreprises étrangères tout en nouant des accords économiques avec elles. De plus, des préoccupations ont été soulevées quant à l’impact écologique négatif potentiel de ce projet, notamment en ce qui concerne l’utilisation intensive des ressources naturelles et les risques environnementaux associés à l’exploitation industrielle.

Pour stabiliser l’économie, Saïed a dû recourir à des prêts internationaux, principalement du FMI. En octobre 2022, la Tunisie a contracté un prêt syndiqué de 185 millions de dollars pour financer le budget, et en mai 2024, elle a sécurisé un financement saoudien de 400 millions de dollars. Ces prêts sont assortis de conditions strictes, incluant des réformes économiques et des mesures d’austérité.

En juin 2024, la Tunisie a évité de justesse le défaut de paiement grâce à un prêt de 500 millions de dollars, mais cette solution temporaire ne résout pas les problèmes structurels de l’économie tunisienne, marquée par une dette publique élevée et une croissance stagnante.

Malgré ses déclarations enflammées sur la souveraineté, Saïed a également renforcé les liens avec des pays du Golfe comme l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis. Ces relations, parfois critiquées pour leur potentiel d’ingérence étrangère, montrent une autre contradiction entre son discours sur l’indépendance nationale et la réalité de ses alliances stratégiques.

Saïed a cherché à renforcer les relations avec l’Italie, notamment sur la question de l’immigration. En juillet 2023, la cheffe du gouvernement italien Georgia Meloni a réussi à faire signer l’Union Européenne et la Tunisie un mémorandum d’entente dont le but primordial est le contrôle des flux migratoires depuis la Tunisie vers l’Europe. Cette collaboration suscite des critiques en raison de l’approche sécuritaire adoptée, qui contraste avec les discours de Saïed sur la dignité et les droits humains.

Les relations de la Tunisie avec la Chine sous Saïed se sont intensifiées, notamment à travers des projets d’infrastructure et des investissements dans des secteurs clés comme l’énergie, les télécommunications, les transports, et la technologie. Bien que cette coopération soit présentée comme bénéfique pour le développement économique, elle soulève des questions sur l’influence croissante de la Chine en Tunisie et sur les conditions de ces partenariats, qui peuvent parfois limiter la souveraineté nationale.

Saïed a également cherché à renforcer les liens avec l’Iran, adoptant une position plus ouverte par rapport aux régimes précédents, notamment ceux de Béji Caïd Essebsi et Moncef Marzouki. Cette relation, bien que stratégique pour diversifier les partenariats internationaux de la Tunisie, est complexe et peut susciter des tensions avec d’autres partenaires régionaux et internationaux, en particulier ceux opposés à l’influence iranienne. En opposition à l’Occident, la Tunisie sous Saïed semble former de nouvelles alliances avec des puissances comme la Chine, la Russie et l’Iran, redéfinissant ainsi sa politique étrangère et ses relations internationales.

Kaïs Saïed a exprimé à plusieurs reprises son soutien à la cause palestinienne. Cependant, ses actions concrètes en faveur de celle-ci restent limitées. En dépit de ses discours enflammés, la Tunisie n’a pas entrepris d’actions diplomatiques significatives pour avancer la cause palestinienne. Les initiatives concrètes sont rares et le gouvernement tunsien semble se contenter de simples déclarations publiques et d’actions symboliques, sans provoquer de réel changement sur la scène internationale.

Saïed a souvent utilisé la cause palestinienne pour renforcer sa popularité et se positionner comme un leader de la justice et de la dignité dans le monde arabe. Cependant, cette rhétorique n’a pas été suivie de politiques tangibles. Par exemple, alors que des pays comme l’Afrique du Sud ont adopté des positions fermes et des actions concrètes en soutien à la Palestine. La Tunisie s’est opposée à une motion au conseil de sécurité pour un cessez le feu sous prétexte …

La diplomatie tunisienne, traditionnellement alignée sur un soutien sans faille à la cause palestinienne, semble sous Saïed manquer de dynamisme et de direction claire. Les engagements internationaux et les alliances stratégiques nécessaires pour soutenir efficacement la Palestine n’ont pas été renforcés, laissant place à une diplomatie de façade qui compromet la crédibilité de la Tunisie sur la scène internationale.

Les ambiguïtés de Kaïs Saïed sont révélatrices des défis auxquels sont confrontés les leaders populistes lorsqu’ils se heurtent aux réalités du pouvoir. Mais plus qu’une simple question de cohérence, c’est l’avenir même de la démocratie tunisienne qui est en jeu. Saïed a démontré à plusieurs reprises son incapacité à gouverner de manière transparente et inclusive, préférant s’enfermer dans un autoritarisme inquiétant.

Pour restaurer la démocratie et garantir la stabilité politique nécessaire aux réformes économiques, des élections démocratiques doivent être organisées. Il est également crucial de libérer les prisonniers politiques et de garantir des jugements légaux et équitables pour tous. Ces mesures sont essentielles pour rétablir la confiance du public dans les institutions tunisiennes.

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