Le 16 décembre 2025, à la Bourse du Travail de Paris, la salle a été le théâtre d’une forte mobilisation. Bien au-delà d’un simple rendez-vous militant, le meeting citoyen et de solidarité a constitué un moment politique fort, marqué par une présence nombreuse, attentive et surtout d’une diversité rare, à la hauteur de la gravité de la situation en Tunisie.
Familles de prisonnier·e·s politiques et d’opinion, militant·e·s associatifs, syndicalistes, responsables politiques français et européens, défenseur·e·s des droits humains maghrébins, asiatiques et réseaux de solidarité internationale : toutes les composantes d’un front démocratique élargi étaient réunies ce 16 décembre. Cette pluralité n’a rien d’anecdotique. Elle a donné au meeting sa force et sa légitimité : celle d’une mobilisation transversale, capable de dépasser les clivages idéologiques face à l’arbitraire.
Dès l’ouverture, le ton a été donné. Le moment symbolique d’introduction, porté par la voix de la chanteuse Abir Nassraoui, a installé une atmosphère de dignité et de gravité, rappelant que ce rassemblement du 16 décembre n’était ni un événement ordinaire ni un simple exercice de dénonciation, mais un acte de solidarité assumé.
L’intervention d’ouverture du CRLDHT a posé le cadre politique de la soirée : rappel du basculement autoritaire en Tunisie depuis 2023, destruction méthodique des contre-pouvoirs, instrumentalisation de la justice et généralisation de la répression. Sans dispersion ni emphase inutile, cette prise de parole a donné une cohérence d’ensemble au meeting, en reliant les cas individuels à une dynamique systémique.
Le moment central du meeting du 16 décembre a été, sans conteste, la table ronde des familles et des proches des prisonnier·e·s. Leurs témoignages ont donné chair et voix à ce que les chiffres, les rapports et les communiqués ne disent jamais entièrement : l’absence, l’angoisse quotidienne, l’injustice vécue dans l’intimité des foyers, mais aussi la dignité, la lucidité et la résistance.
Les interventions ainsi que les messages vidéo ont profondément marqué la salle. Elles ont rappelé une vérité simple et implacable : la répression ne frappe jamais un individu seul, elle frappe des familles, des liens, une société entière.
Les messages vidéos d’Ayachi Hammami, de Chaima Aissa et de Nejib Chebbi ont rappelé que même derrière les murs des prisons, la parole libre et le refus de l’injustice demeurent vivants.
Les séquences consacrées à la solidarité internationale et aux droits humains ont montré que la situation tunisienne, telle qu’elle a été décrite le 16 décembre, n’est pas un enjeu périphérique. Les interventions ont affirmé que la répression engage une responsabilité internationale et que le silence ou l’indifférence ne sauraient tenir lieu de politique.
Cette solidarité s’est exprimée depuis de multiples espaces de lutte — de la Palestine au Maghreb, de l’Afrique à l’Asie — donnant au meeting une dimension transnationale et rappelant que les combats pour les droits humains se renforcent mutuellement.
Le moment syndical, particulièrement fort dans ce lieu chargé d’histoire qu’est la Bourse du Travail, a inscrit le meeting du 16 décembre dans une continuité historique. Les prises de parole ont rappelé le rôle central du mouvement syndical tunisien, et les liens anciens de solidarité avec les syndicats français et internationaux.
Le rappel des rassemblements de janvier 2011, tenus dans ce même lieu, a résonné comme un écho puissant : la solidarité syndicale internationale n’est pas un souvenir, elle est une pratique toujours vivante.
La séquence consacrée aux partis, personnalités et organisations politiques a confirmé que la défense des libertés en Tunisie dépasse les appartenances partisanes. Les interventions ont rappelé qu’au-delà des divergences, il existe un socle commun de principes démocratiques qui impose une mobilisation transpartisane face aux dérives autoritaires.
La clôture du meeting du 16 décembre n’a pas été pensée comme un point final, mais comme un point de départ. Les dernières interventions ont appelé à inscrire la solidarité dans la durée et à transformer l’émotion partagée en engagement politique concret.
Le mot de clôture du CRLDHT a donné tout son sens à ce qui s’est joué ce soir-là. En nommant clairement la réalité autoritaire du régime tunisien et en rappelant que la dictature n’est jamais une solution, le CRLDHT a réaffirmé sa détermination à poursuivre le combat aux côtés des familles, des prisonnier·e·s, des syndicats, des défenseur·e·s des droits humains et de toutes les forces démocratiques, jusqu’au rétablissement des libertés et de la souveraineté populaire.
Ce 16 décembre aura démontré une chose essentielle : le silence n’est plus une option. Et face à la répression, la diversité rassemblée constitue le socle indispensable de toute résistance collective.