Les conditions de détention dans les prisons tunisiennes continuent de se dégrader, suscitant de vives inquiétudes quant au respect des droits fondamentaux des détenu·e·s. Depuis plusieurs mois, de nombreux témoignages font état d’abus et de mauvais traitements, soulignant l’urgence d’une réforme pénitentiaire en Tunisie.
Les rapports récents révèlent une surpopulation carcérale alarmante, avec des cellules conçues pour un nombre limité de personnes mais qui en abritent parfois trois à quatre fois plus. Cette surpopulation entraîne une détérioration des conditions de vie de élémentaire : accès insuffisant à l’hygiène, nourriture de mauvaise qualité, et soins médicaux inadéquats. Le manque d’accès aux services de santé est particulièrement préoccupant, en raison du risque accru de propagation des maladies dans ces espaces restreints et insalubres.
En plus des conditions matérielles déplorables, des cas de mauvais traitements et de violence de la part des agents pénitentiaires ont été rapportés. Des détenu·e·s ont témoigné de coups, de privations de sommeil, et de harcèlement verbal, parfois dans un cadre d’impunité totale. Ces abus concernent particulièrement les détenu·e·s politiques, arrêtés pour leur opposition au régime actuel de Kais Saïed.
Parmi ces voix, le témoignage de Sonia Dahmani, avocate et militante politique, récemment emprisonnée, éclaire la dure réalité vécue par les prisonnier·e·s politiques. Sonia a décrit des conditions intolérables : “Nous sommes entassé·e·s dans des cellules sans ventilation, sans eau courante pendant plusieurs jours. Les insultes et les humiliations sont quotidiennes, surtout envers celles et ceux qui osent contester le régime. J’ai vu des camarades politiques être battu·e·s pour avoir simplement demandé un traitement équitable.”
Elle poursuit en évoquant la pression psychologique à laquelle les prisonnier·e·s sont soumis·e·s : “Ils veulent briser notre esprit. Nous sommes privé·e·s de sommeil, réveillé·e·s à toute heure pour des interrogatoires ou des fouilles injustifiées. Mais ce qui est peut-être le plus dur, c’est l’isolement. Ils nous coupent du monde extérieur pour nous faire nous sentir oubliés.”
Sonia Dahmani n’est pas seule dans cette situation. D’autres prisonnier·e·s politiques ont également rapporté des traitements similaires, soulignant une répression de plus en plus sévère envers toute forme de dissidence. Des femmes détenues, en particulier, signalent des traitements discriminatoires et des violences basées sur le genre, qui viennent s’ajouter à la dureté de leurs conditions d’emprisonnement.
Malgré les tentatives de certaines organisations de défense des droits humains de documenter ces violations, l’accès aux prisons reste extrêmement limité, rendant difficile une surveillance indépendante de la situation. Ces restrictions nourrissent un climat de peur et de silence, renforçant l’impunité des responsables des abus.
Il est crucial de rappeler que les conditions de détention indignes constituent une violation directe des droits humains, garantis par les conventions internationales ratifiées par la Tunisie. Les autorités tunisiennes doivent prendre des mesures immédiates pour remédier à cette situation, en garantissant le respect de la dignité humaine dans les établissements pénitentiaires.
Le CRLDHT ne cessera pas de dénoncer ces conditions inacceptables et de plaider pour une justice équitable pour tous les détenu·e·s, en particulier les prisonnier·e·s politiques comme Sonia Dahmani, qui continuent de lutter pour un avenir meilleur, même derrière les barreaux.