Hier soir, samedi 11 mai 2024, des dizaines d’agents de sécurité cagoulés ont pénétré violemment dans le local de la « Maison des avocats » à Tunis. Une descente qui constitue un grave précédent, du jamais vu même pendant les pires heures des dictatures passées.
Ils s’en sont pris aux avocates et avocats ainsi qu’aux journalistes présents. Leur objectif, outre de semer la peur, était d’arrêter l’avocate, Me Sonia Dahmani, poursuivie pour des propos critiques à l’égard du pouvoir, en vertu du tristement célèbre décret-loi 54. Un décret scélérat au nom duquel des dizaines de tunisiens, journalistes, blogueurs, et des citoyens ordinaires ayant dénoncé la dérive autoritaire du pouvoir ont été arrêtés. Beaucoup d’entre eux purgent de lourdes peines de prison, tandis que d’autres sont en détention depuis des mois dans l’attente d’un jugement…
Face à ce tournant dangereux qui illustre la dérive de plus en plus répressive du président Kais Saied et de son régime autoritaire, le Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) :
- Condamne cette intrusion brutale et les attaques verbales et physiques à l’encontre des avocates, avocats et journalistes ;
- Exige la libération de Maitre Sonia Dahmani, des journalistes Mourad Zeghidi et Borhane Bessaies ainsi que de toutes les personnes détenues pour avoir exprimé leurs opinions.
- Exprime son plein soutien à la grève décidée par la section régionale de Tunis de l’Ordre National des Avocats de Tunis le lundi 13 mai 2024 et appelle toutes les structures regroupant les avocats à prendre position afin de défendre leurs membres ainsi que le caractère inviolable de leurs sièges et de leurs structures ;
- Appelle les organisations nationales et internationales de défense des droits humains et toutes les forces démocratiques à s’unir contre la répression croissante à laquelle le régime se livre pour faire taire toute voix indépendante et opinion libre.