L’Affaire Omar Laabidi : Un Verdict qui témoigne de l’agonie de la Justice

Le 12 juillet 2024, la Chambre pénale du Tribunal de première instance de Ben Arous a rendu un verdict controversé dans l'affaire tragique de la mort d'Omar Laabidi, un jeune supporter du Club Africain.

Le 12 juillet 2024, la Chambre pénale du Tribunal de première instance de Ben Arous a rendu un verdict controversé dans l’affaire tragique de la mort d’Omar Laabidi, un jeune supporter du Club Africain. Douze agents de sécurité ont été condamnés à un an de prison avec sursis pour homicide involontaire, tandis que deux autres ont obtenu un non-lieu. Ce verdict, perçu par beaucoup comme une clémence excessive, a suscité une vague d’indignation et de mécontentement parmi les défenseurs des droits humains, les supporters de clubs de football et la famille d’Omar Laabidi.

Omar Laabidi, âgé de 19 ans, s’est noyé dans un oued près du stade de Radès le 31 mars 2018, après avoir tenté de fuir des échauffourées entre les supporters et les forces de l’ordre. Selon des témoins, des policiers l’auraient laissé se noyer dans l’eau tout en lui criant “Apprends à nager”, une phrase qui est rapidement devenue un hashtag viral #t3allem3oum # , symbolisant la lutte contre l’impunité policière en Tunisie.

La famille d’Omar Laabidi et leurs avocats avaient décidé de faire appel du premier verdict, espérant obtenir une justice plus équitable pour Omar. La décision du tribunal de réduire la peine initiale de deux ans de prison ferme à un an avec sursis a été vivement critiquée. Me Toumi Ben Farhat, avocat de la famille Laabidi, a exprimé son profond mécontentement face à ce verdict qu’il considère comme une énième manifestation de l’impunité des forces de sécurité. De nombreuses associations et organisations de défense des droits humains ont également dénoncé cette décision, affirmant qu’elle ne rend pas justice à la gravité des faits.

Le président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, Bassem Trifi, avait déjà déclaré que le motif de non-assistance à personne en danger aurait dû être retenu contre les agents de police, ce qui aurait entraîné une peine plus sévère. Amnesty International avait déjà pointé du doigt les “carences fondamentales” du système judiciaire tunisien, soulignant l’absence de responsabilité pour les violations impliquant les forces de l’ordre.

Les membres de la société civile et des proches d’Omar Laabidi dénoncent une justice partiale et un verdict qui ne reflète pas la gravité de l’acte. Avant l’appel, des manifestations ont eu lieu, rassemblant militants et jeunes des quartiers populaires, tous réclamant une justice véritable et la fin de l’impunité.

Dans un communiqué unitaire percutant, les Ultras (supportes) de trois clubs de football de la capitale dénoncent le verdict du tribunal, qualifiant la justice tunisienne de “justice entachée de sang innocent” pour avoir infligé une peine d’un an avec sursis aux policiers responsables de la mort d’Omar Laabidi. Ils critiquent sévèrement la juge, accusée de corruption et de conflits d’intérêts, dont l’époux est un cadre de la police. Les ultras proclament que cette décision ne fait que renforcer leur détermination à lutter contre l’oppression du régime policier tunisien, soulignant la nécessité d’une justice authentique pour Omar Laabidi.

Cette affaire reste un symbole poignant des défis persistants en matière de droits humains et d’impunité policière en Tunisie.

Le CRLDHT continue de soutenir la famille Laabidi et de militer pour la justice et la responsabilité dans cette affaire. Nous exhortons les autorités tunisiennes à garantir des enquêtes impartiales et à assurer que de tels actes ne restent pas impunis, afin de prévenir de futures tragédies similaires.

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