INTERVENTION POUR LE RASSEMBLEMENT CONTRE LE RACISME ET LA HAINE – PARIS – JEUDI

« Chaque mot de haine raciste porte en lui la promesse d’un crime. »

Mes sœurs, mes frères, camarades, concitoyens,

Nous sommes réunis ici, non pour pleurer en silence, mais pour hurler notre colère et proclamer notre détermination.
Parce que Hichem Miraoui est mort.
Parce que Hichem Miraoui a été assassiné parce qu’il était arabe, parce qu’il avait un prénom à consonance musulmane, parce qu’il vivait, travaillait, souriait, dans un pays où certains croient encore que la couleur de peau ou la foi vous condamne.

Le tueur n’était pas fou. Il n’était pas isolé. Il était le produit d’une idéologie, d’un climat : celui de la haine raciste et de la banalisation de l’extrême droite.

Depuis des mois, les “débats” publics nous servent les mêmes obsessions :

  • L’insécurité, c’est l’immigré ;
  • La fraude, c’est l’Arabe ;
  • L’ennemi intérieur, c’est le musulman.


Tout cela répété, amplifié, intégré. Et jamais puni.

Ce voisin qui a abattu Hichem à bout portant et blessé deux demandeurs d’asile kurdes originaire de Turquie, est un admirateur déclaré de Jean-Marie Le Pen, un relais fanatisé des discours de Bardella, Zemmour, et toute la meute fascisante qui gangrène ce pays.

Et nous disons : NON.
Non à l’indifférence.
Non à l’oubli.
Non à l’impunité.

Car Hichem n’est pas seul. Il rejoint une trop longue litanie de morts, d’oubliés, de sacrifiés sur l’autel d’une France fantasmée par l’extrême-droite :

  • Ibrahim Ali, 17 ans, tué d’une balle dans le dos en 1995 à Marseille par des militants (des colleurs d’affiches) du Front National ;
  • Brahim Bouarram, jeté dans la Seine un 1er mai par des manifestants d’extrême-droite ;
  • Djamel Benjaballah, traqué et écrasé par un néonazi à Dunkerque en août 2024 – une exécution en plein jour !
  • Aboubakar Cissé, poignardé dans une mosquée en avril 2025, parce qu’il priait et que cela dérangeait un raciste armé de sa haine.

Plus de 380 personnes, immigré·es ou enfants d’immigré·es, ont été assassinées depuis les années 1970 en France, victimes du racisme ou du délire sécuritaire.
20 au moins sont des Tunisien·nes.

Et toujours, les mêmes excuses. Les mêmes silences. La même injustice.

Et pendant ce temps-là, que fait la République ?

Elle allume les feux de la haine.
Allume, chaque matin, chaque soir, dans nos postes de télé, dans les micros des radios, dans les tribunes éditoriales.
Des “journalistes”, des “experts”, des ministres, des députés vomissent leur mépris des musulmans, leur peur des quartiers, leur fantasme de l’ennemi intérieur.

Et quand nos enfants s’indignent, quand ils marchent pour Gaza ou crient “Liberté”, ils sont traités d’antisémites. Quand ils dénoncent l’injustice, on les accuse de “communautarisme”.
Quand ils meurent, on les insulte encore après leur mort.
Quand ils vivent, on les refuse.

Et pendant ce temps-là, que fait la justice ?

  • Elle n’applique pas la loi contre le racisme.
  • Elle protège les puissants, les haineux, les fauteurs de guerre civile.
  • Elle laisse prospérer les milices fascistes, les ligues néonazies, les réseaux Zemmouriens.

Mais qu’on le sache bien :
Nous n’attendrons pas la prochaine victime. Nous n’attendrons pas que la haine devienne norme. Nous sommes là. Et nous allons nous battre.

 Nous appelons aujourd’hui :

  1. À la fin de l’impunité des discours racistes, islamophobes, xénophobes dans l’espace public, des plateaux télé aux halls de l’Assemblée nationale ou sur les plateaux de certains médias.
  2. À l’application ferme de la loi contre le racisme et l’antisémitisme, y compris contre les personnalités médiatiques et politiques.
  3. À la mise en œuvre d’un plan national contre le racisme systémique, dans la police, l’école, l’administration.
  4. À une réforme de fond des institutions qui ferment les yeux, et parfois collaborent avec les idées d’extrême droite.
  5. À la promotion dans les écoles et les médias des valeurs de fraternité, de tolérance et de dignité humaine.

Et nous n’oublions pas, non, nous n’oublions pas que Hichem vient d’un pays, la Tunisie, où la plus haute autorité de l’État, Kaïs Saïed, a lui aussi en février 2023 soufflé sur les braises de la haine, appelant à la “purge” contre les Noirs et les migrant·es subsahariens, déclenchant agressions, arrestations, morts, expulsions.

La haine circule. La haine se globalise.

Et c’est ensemble, d’un bord à l’autre de la Méditerranée, que nous devons lui faire barrage.

Camarades, ami-e-s

Que ce rassemblement ne soit pas un point final mais un point de départ.
Qu’il serve à construire un front antifasciste large, populaire, métissé, déterminé, lucide.
Qu’il porte la voix de toutes les familles endeuillées, de tous les quartiers délaissés, de tous les peuples humiliés.

« Le fascisme, ce n’est pas l’extrême droite qui arrive. C’est le centre qui cède. »
— Albert Camus, si lucidement.

📣 Pour Hichem.
📣 Pour Brahim.
📣 Pour Djamel.
📣 Pour nos enfants.
📣 Pour notre humanité.

Nous sommes là.
Et nous ne céderons rien.

Le racisme tue. L’extrême-droite tue. L’inaction tue.
Nous sommes vivants. Et nous exigeons des actes.

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