Edito du numéro spécial  

Publié à l’occasion de la fête de la République, ce dossier ne se veut pas une célébration rituelle, mais un acte de lucidité et de mémoire active. Il rassemble trois analyses critiques sur la défiguration du processus électoral en Tunisie entre 2023 et 2025, à travers l’élection présidentielle du 6 octobre 2024, le rapport final de l’ISIE et la suspension indéfinie des élections municipales.

Ces textes examinent en profondeur la confiscation du droit de vote, la mise en scène d’un scrutin sans concurrence réelle, l’alignement partisan de l’ISIE et l’anéantissement de la démocratie locale. Ils mettent en lumière une série de violations graves et documentées des droits civils et politiques : exclusion arbitraire de candidats, blocage de décisions de justice, filtrage illégal des candidatures, criminalisation de l’observation électorale, mise sous tutelle autoritaire des municipalités.

L’élection n’est plus un exercice de souveraineté populaire mais un outil de légitimation d’un pouvoir sans contre-pouvoirs. Les institutions dites « indépendantes » ont été soumises au contrôle exécutif et le droit de participer aux affaires publiques – pierre angulaire des droits humains et du pacte républicain, garanti notamment par l’article 25 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques – a été méthodiquement vidé de sa substance.

Face à ce basculement, le silence officiel n’est pas neutre : il efface les victimes, banalise l’abus et prépare sa répétition. Ce dossier prend le contre-pied de cette amnésie organisée. Il appelle à un bilan clair, courageux, juridiquement rigoureux et politiquement assumé. Car aucun rebond démocratique n’est possible sans reconnaître les violations, en tirer les leçons, et restaurer les conditions d’un processus électoral digne de ce nom.

Le 25 juillet doit redevenir une date d’émancipation, pas un symbole de résignation. Refuser l’oubli, c’est déjà refuser la défaite. C’est poser les premiers jalons d’une reconquête démocratique fondée sur le droit, la justice et la participation.

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