CRLDHT Newsletter 25 Juillet 2023
Si , après la révolution, Olfa ( de son prénom) ne voyait aucun mal à ce que ses filles surfent sur la vague du port du niqab, y voyant même une « protection » pour elles en raison de la montée des courants islamistes extrémistes, elle connait ensuite des moments très difficiles lorsque deux de ses filles tombent dans cet extrémisme et rejoignent des foyers de tension.
Tel est le fil conducteur du film de la réalisatrice tunisienne, Kaouthar Ben Hania, présenté en compétition officielle au Festival de Cannes en mai dernier, après des années d’absence de la Tunisie à ce festival .
Le film, mélange de fiction et de faits réels , de représentation et de documentation est inspiré du récit en 2016 d’une mère nommée Olfa Al-Hamrouni, qui a déclaré publiquement sur une chaîne privée tunisienne que deux de ses filles, Rahma et Ghouffrane, victimes de l’extrémisme djihadiste, avaient quitté le pays clandestinement en 2014 en direction de la Libye, où elles ont été arrêtées, emprisonnées et jugées pour port d’armes dans les rangs de l’État islamique.
Kaouthar Ben Hania dont c’est le cinquième long métrage a déclaré avoir voulu à travers le film souligner la manière dont la violence se transmet au sein de la famille et montré comment la domination masculine qui opprime les femmes est souvent entretenue par les mères elles-mêmes. Le film pointe également l’indifférence et l’inaction des autorités tunisiennes de l’époque.
Interviewée par plusieurs médias français ( Le Monde , Télérama…), la réalisatrice franco-tunisienne illustre combien la liberté d’expression et de création ont permis à partir de 2011 l’éclosion d’une nouvelle génération de cinéastes tunsien.e.s dont elle est un brillant témoignage. Des libertés aujourd’hui menacées par le manque cruel de moyens et l’instauration d’un climat de plus en plus étouffant.