Affaire dite du complot n°2 : la série continue… avec son cortège de persécutions

Les affaires dites de « complot contre la sûreté de l’Etat » se succèdent et se ressemblent. La tenue, le 6 mai 2025, de la première audience de l’affaire dite du « complot n°2 » en a offert une illustration supplémentaire : au-delà de l’intitulé, la mécanique infernale reste la même à quelques variations près quant au profil des accusés, majoritairement des figures politiques.

Sont ici visés Rached Ghannouchi, président du parti Ennahda, déjà en détention depuis plus d’un an et condamné à quelques dizaines d’années de prison dans le cadre d’autres dossiers ; son fils Mouadh Ghannouchi bien qu’il n’ait pas occupé de fonction politique ; son gendre Rafik Abdessalem, ancien ministre des Affaires étrangères ; son conseiller Lotfi Zitoun ; Habib Ellouze, ancien député, également détenu dans une autre affaire ; et, de la coalition Al-Karama, Maher Zid, ancien député.

D’autres personnalités issues d’horizons politiques variés figurent aussi parmi les inculpés : Nadia Akacha, ancienne directrice du cabinet présidentiel ; Youssef Chahed, ex-Premier ministre ; Rayen Hamzaoui élu du parti Nidaa Tounes et ancien maire d’Ezzahra ainsi que Samir Hannachi, ancien conseiller de l’ex-Premier Hamadi Jebali et de l’ex-président, Moncef Marzouki.

La journaliste Chahrazed Akacha est également poursuivie aux côtés d’anciens hauts responsables du ministère de l’Intérieur tels que Kamel Guizani, déjà condamné à 33 ans de prison dans l’affaire du complot « n°1 » ; Abdelkader Farhat, ex-chef de la police judiciaire ; Abdelkrim Labidi, ancien chef de la sécurité à l’aéroport international de Tunis-Carthage ; Mehrez Zouari, ex-chef des services spéciaux; Fethi Beldi, ancien cadre du ministère de l’Intérieur ainsi que des militaires à la retraite tels que Kamel Bedoui.

Selon la Chambre d’accusation du pôle antiterroriste dont le récit apparaît tout à la fois incohérent et contradictoire, R. Ghannouchi et son parti auraient tenté de mettre en place un réseau secret pour infiltrer l’appareil sécuritaire de l’État et dans ce cadre, de recruter de jeunes salafistes tunisiens visant à les inciter à commettre des attentats terroristes. Les agents de sécurité et responsables politiques mentionnés sont accusés d’avoir soutenu cette opération d’infiltration. Comme dans la première affaire de complot, l’ensemble des charges et l’arrêt de mise en accusation reposent exclusivement sur un témoignage anonyme sans apporter de preuve factuelle, sourcée et fiable.

Le CRLDHT :

  • Condamne ce qui apparaît avant tout comme un règlement de comptes politique orchestré par une justice aux ordres ainsi que le manque de respect des procédures régulières normalement en vigueur ;
  • Exprime sa pleine solidarité avec l’ensemble des responsables politiques, sécuritaires et la journaliste poursuivis dans ce qui apparaît être une nouvelle mascarade judiciaire ;
  • Réaffirme que cette vague répressive et ces violations systématiques des droits humains ne sauraient en aucun cas fournir au régime en place une légitimité quelconque, ni masquer ses échecs sur les plans économique et social ;
  • Appelle l’ensemble de la société civile, en Tunisie et à l’international, à soutenir les détenus, leurs familles. Au-delà de cette atteinte incontestable au droit à un procès équitable, il s’agit là d’un combat pour la restauration de l’expérience démocratique brutalement interrompue par le coup d’État du 25 juillet 2021, pour la défense des droits et libertés du peuple tunisien.

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