Tunisie : Mohamed Boughalleb condamné à deux ans de prison pour un post… qui n’est pas le sien 

Le 10 juillet 2025, la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis, présidée par le juge Salah Fatnassi, a condamné le journaliste Mohamed Boughalleb à deux ans de prison ferme en vertu de l’article 24 du décret-loi 2022-54 pour une publication attribuée à son nom sur Facebook, prétendument diffamatoire à l’égard d’une enseignante universitaire. Ce verdict infâmant s’inscrit dans la continuité d’un acharnement judiciaire systématique à l’encontre d’un journaliste critique, indépendant et dérangeant pour le régime autoritaire de Kaïs Saïed.

Cette affaire, qui a débuté par une simple plainte appuyée sur une capture d’écran sans vérification technique, aurait dû être classée. La défense a rappelé à maintes reprises que le compte à l’origine de la publication ne lui appartenait pas et qu’aucune expertise numérique n’a été diligentée. En dépit de l’absence de preuve matérielle et du caractère manifestement vicié de la procédure, la chambre criminelle a maintenu l’accusation, ignorant les règles les plus élémentaires d’un procès équitable.

Déjà condamné à huit mois de prison en 2024 pour avoir critiqué un ministre dans une émission radio, Mohamed Boughalleb avait été incarcéré le 22 mars 2024, puis maintenu en détention dans cette seconde affaire. Il avait pourtant obtenu une décision de mise en liberté le 20 février 2025, avant d’être à nouveau jugé comme un criminel pour une infraction d’opinion. Le juge Fatnassi déjà auteur du jugement indigne  contre Abir Moussi sur la base du même article 24, persiste dans sa fonction de relais zélé des consignes politiques.

Cette condamnation survient alors que l’état de santé de Mohamed Boughalleb s’est détérioré. Il souffre de maladies chroniques (diabète, hypertension, troubles de la prostate), a perdu 70 % de sa vue, et n’a pas vu sa fille, résidant à l’étranger, depuis deux ans.

Le CRLDHT dénonce encore 

• Une dérive judiciaire grave où l’absence de preuve n’empêche pas la prison.
• Une instrumentalisation du décret-loi 54, devenu l’arme de destruction massive de la liberté d’expression.
• Une vengeance d’État contre un journaliste engagé, dont le seul tort est d’avoir parlé haut et vrai.
Nous exigeons :
• L’annulation du verdict, et la fin des poursuites judiciaires fondées sur des accusations non authentifiées.
• L’abrogation du décret-loi 2022-54, ou à défaut, sa suspension immédiate dans toutes les affaires d’opinion.

Le CRLDHT appelle :

• Les syndicats de journalistes, les barreaux, les ONG, les personnalités publiques à se mobiliser pour briser le silence.
• Les partenaires internationaux à dénoncer ce verdict dans toutes leurs communications officielles avec la Tunisie.
• Les rapporteurs spéciaux des Nations unies, la Commission africaine des droits de l’homme, le Parlement européen à se saisir du cas de Mohamed Boughalleb comme symbole de la criminalisation des opinions en Tunisie.

Le silence serait une complicité.
La solidarité est une urgence.

Mohamed Boughalleb n’a commis aucun crime. Il a exercé une liberté
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