Les autorités tunisiennes s’emploient à transformer progressivement les élections présidentielles en une farce. Après avoir mis en prison, sur la base d’accusations infondées, de nombreux concurrents politiques potentiels qui ont exprimé leur intention de se présenter ou eu avoir poursuivi d’autres au moyen d’affaires fabriquées de toutes pièces, mais aussi mis sous tutelle l’instance électorale non indépendante, elles imposent des conditions presque impossibles à remplir aux candidats, que ce soit par l’exigence du bulletin numéro 3 délivré par le ministère de l’Intérieur qui rechigne à le délivrer aux candidats alors que les délais légaux pour le dépôt des dossiers de candidature (6 aout 2024) sont sur le point d’expirer, ; ou en imposant une nouvelle méthode pour les parrainages des électeurs des candidats (minimum 10.0000 issus de 10 circonscriptions différentes, apportant chacune 500 électeurs avec publication de la liste ).
Après le rejet des candidatures des dirigeants politiques injustement emprisonnés, tels que Issam Chebbi, Ghazi Chaouachi et Abir Moussi, les autorités s’attaquent à présent aux personnes chargées de la collecte des parrainages des candidats déclarés. De nombreux citoyens se sont plaints de harcèlement policier, d’arrestations nocturnes et de menaces directes dans le but de les intimider afin de laisser place nette à Kaies Said. Ce dernier n’hésite pas à utiliser tous les moyens de l’État, y compris les médias publics et privés, l’appareil policier et les administrations régionales et locales, pour sa campagne électorale aux fins de rester seul en lice !
Le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT), tout en appelant les autorités tunisiennes à cesser de harceler les candidats et leurs partisans et à libérer les citoyens arrêtés pour avoir recueilli des parrainages, appelle le candidat Kais Saied à cesser d’utiliser l’appareil d’État pour imposer un second mandat au peuple, au regard de la profonde dégradation économique, politique et sociale que le pays a subie au cours de son premier mandat présidentiel.
Le CRLDHT tient également l’Instance électorale, censée être indépendante, pour responsable de son manque d’impartialité, de son alignement aux conditions du pouvoir, de la partialité évidente de son président qui tente de faire des élections présidentielles un simple gage d’allégeance.
Le CRLDHT appelle le tribunal administratif à accélérer l’examen des recours déposés par les détenus politiques qui se sont vu refuser le droit de se présenter sous des prétextes fallacieux.
Enfin, il appelle le peuple tunisien et ses forces vives, y compris les partis, les organisations et les élites, à protester pacifiquement, à parrainer sans craintes les candidats de leur choix et à exercer une pression continue pour que sa volonté ne soit pas confisquée et qu’il retrouve son droit de choisir son prochain président à travers des élections libres, démocratiques et transparentes.