Le 2 décembre 2025, Maître Ayachi Hammami, avocat, militant infatigable et figure de proue des luttes démocratiques en Tunisie, a été arrêté à Tunis. Cette arrestation intervient moins de vingt-quatre heures après celle de la militante féministe Chaïma Issa, lors d’une manifestation pacifique, et fait suite à la récente décision de la chambre criminelle du pôle antiterroriste dans l’affaire dite « du complot ». Ce verdict, prononcé au terme d’un procès expéditif, politique et dépourvu de garanties élémentaires de justice, confirme la dérive autoritaire en cours.
Depuis plus de trente ans, Ayachi Hamami incarne la défense acharnée de l’État de droit, la lutte contre l’arbitraire et le combat quotidien pour les libertés publiques. Jusqu’au dernier moment avant son arrestation, il était dans la rue, aux côtés des Tunisiennes et des Tunisiens exigeant liberté, justice et dignité.
Dans une vidéo publiée avant son arrestation, Me Hammami a dénoncé une décision « purement politique » et a annoncé entamer immédiatement une grève de la faim pour protester contre la criminalisation systématique de l’opposition et la multiplication des procès politiques. Il y décrit une stratégie fondée sur la peur, la stigmatisation et la fabrication d’ennemis intérieurs, afin d’imposer le silence et de neutraliser toute voix dissidente.
Cette fuite en avant répressive intervient dans un contexte où les autorités n’apportent aucune réponse aux crises économique, sociale et politique profondes que traverse la Tunisie. Plutôt que d’écouter les revendications légitimes de la population, le pouvoir choisit l’intimidation, les arrestations ciblées et l’usage d’accusations infondées de « terrorisme » contre ses opposants.
Le CRLDHT :
- Condamne avec la plus grande fermeté cette escalade répressive, contraire aux principes les plus élémentaires de l’État de droit.
- Réaffirme sa solidarité absolue avec Maître Ayachi Hammami, Chaïma Issa et l’ensemble des détenu·e·s d’opinion, victimes d’un système qui cherche à transformer leur souffrance en spectacle de force, révélant en réalité sa faiblesse et son échec.
- Appelle toutes les Tunisiennes et tous les Tunisiens, ainsi que toutes les forces démocratiques, syndicales, associatives et citoyennes, à se mobiliser massivement, pacifiquement et continuellement. L’indignation doit se transformer en action : défendre les libertés, protéger les droits, refuser la confiscation de l’avenir.
La Tunisie mérite mieux que la peur, l’isolement et l’arbitraire.
Elle mérite justice, liberté, dignité et espoir.Le silence n’est pas une option.
La mobilisation est un devoir.