Pendant un mois, du 14 août au 14 septembre 2025, l’association أصوات نساء (« Voix des Femmes ») a été réduite au silence. Officiellement, un simple arrêt administratif. En réalité, une punition politique. Ce n’est pas un épisode isolé, mais une étape supplémentaire dans la disparition programmée de l’espace démocratique tunisien.
En suspendant أصوات نساء, ce sont des dizaines de femmes victimes de violences qui ont été abandonnées à leur sort. Ce sont les travailleuses agricoles qui ont perdu leur appui. Ce sont les clubs féminins, rares espaces sûrs, qui ont été fermés. L’administration a transformé le droit d’association en privilège révocable, et la liberté en silence imposé.
Le rapport semestriel de l’association est clair : les violences contre les femmes explosent. Neuf féminicides en quelques mois. Des centaines de cas d’agressions physiques, psychologiques, sexuelles. Dans ce contexte, empêcher une organisation d’agir, c’est organiser l’impunité et cautionner la violence.
En visant أصوات نساء, le régime envoie un message limpide : il ne s’agit plus de dialoguer avec la société civile, mais de la réduire à une fonction décorative. Le féminisme est traité comme une menace, parce qu’il refuse l’obéissance.
Il ne s’agit plus d’un glissement, mais d’une rupture : la démocratie n’est plus en danger, elle est déjà enterrée.
Ce qui reste, c’est la résistance au nom de la dignité, de la justice, et de la mémoire des luttes. Aux Tunisiennes et Tunisiens de refuser l’œuvre actuellement.