Le régime tunisien accentue sa politique de représailles contre les prisonniers politiques et leurs familles et réprime toutes les voix libres

Après les condamnations iniques et absurdes dans l’affaire dite de « complot contre la sûreté de l’État », qui a coûté leur liberté à plusieurs militants politiques, une affaire unique dans l’histoire de la Tunisie – non seulement par la sévérité des peines allant de 13 à 66 ans de prison, mais aussi par l’absence de preuves, d’éléments matériels et de témoins crédibles –, le harcèlement contre ces prisonniers et leurs familles se poursuit. La défense et les organisations de défense des droits humains considèrent cette affaire comme un précédent gravissime dans l’histoire des procès politiques.

Ainsi, M. Kamel Letaïef (condamné à 66 ans de prison) et M. Noureddine Bhiri (condamné à 43 ans) ont été transférés à la prison de Borj El Amri, Issam Chebbi a borj erroumi à 30 km au sud-ouest de Tunis. M. Ghazi Chaouachi (condamné à 18 ans) a été transféré à la prison d’El-Nadhour, à 77 km, tandis que M. Ridha Belhaj (condamné à 18 ans) a été déplacé à la prison de Siliana, à 130 km de la capitale.

En plus de la persécution prolongée de ces prisonniers, incarcérés depuis plus de 27 mois, leurs familles devront désormais se déplacer plusieurs fois par semaine pour les visites et l’apport de nourriture (« la qoffa »), ce qui aggrave encore leur souffrance. Les avocats devront également parcourir de longues distances pour assurer leur défense.

Pourquoi un régime qui les a incarcérés tout en sachant leur innocence du chef d’accusation de complot, en leur collant des charges fabriquées de toutes pièces, s’acharne-t-il à ce point à les punir davantage et à se venger d’eux ? Il s’agit d’une nouvelle tentative d’instaurer un climat de peur et de terreur et de tuer définitivement toute vie politique dans le pays.

Cette même logique autoritaire et vindicative est à l’origine des peines de prison infligées à trois jeunes de Gabès — Dali Rtimi (diplômé chômeur, condamné à 4 mois), Moez Rajhi (lycéen, condamné à 2 mois) et Anis Chtouna (lycéen, mineur, condamné 2 mois) — pour avoir manifesté contre l’asphyxie causée par les produits chimiques toxiques, en revendiquant leur droit à un environnement sain.

La situation actuelle en Tunisie, marquée par une répression féroce des libertés et une politique de représailles contre les militants politiques et les activistes, constitue un tournant dangereux et une rupture définitive avec les acquis de la décennie de transition démocratique.

Le Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), tout en condamnant fermement cette recrudescence de la répression et l’acharnement contre les prisonniers politiques et les militant·e·s, appelle l’ensemble des forces démocratiques et vives de Tunisie à redoubler de solidarité et d’unité pour reprendre l’initiative face au pouvoir en place, restaurer la démocratie et les libertés, et construire une Tunisie nouvelle pour toutes et tous, fondée sur la justice, la liberté et la tolérance.

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