ENQUÊTE – Le président tunisien concurrence désormais son prédécesseur, feu le dictateur Ben Ali, pour le nombre d’opposants que sa police judiciaire inquiète. Responsables politiques, activistes, défenseurs des droits de l’homme, syndicalistes, chefs d’entreprise, journalistes: la liste est longue.
Depuis qu’à Tunis le président Kaïs Saïed embastille tous ses opposants, Mouhieddine Cherbib et Kamel Jendoubi ont relancé, à Paris, les activités du Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie. Ils avaient créé ce CRLDHT en 1996, alors qu’exilés politiques en France, ils entendaient défendre ceux que le dictateur Ben Ali jetait en prison. La révolution de 2011 leur permit de revenir dans leur pays de naissance. Kamel Jendoubi présida même l’instance chargée de superviser les élections de l’Assemblée constituante tunisienne. Mais après dix années d’allers et retours entre les deux rives de la Méditerranée, ces deux Franco-Tunisiens ont de nouveau été assignés à résider dans leur pays d’adoption.
Comme eux, de très nombreux Tunisiens ont repris le chemin de l’exil parisien. Ce microcosme de laïcs et islamistes confondus, comme du temps de Ben Ali, converse sur l’application cryptée Signal, s’entraide et se réunit. Certes les corps ont vieilli, l’encre des «ronéos»…