Plus de 500 personnes ont forcé la place d’Italie, à Paris, ce 1er mai, pour crier leur colère et leur détermination : « Liberté pour Ahmed Souab ! Liberté pour les prisonnier.ère.s politiques et d’opinion en Tunisie ». Avocat, ancien juge, pilier de l’indépendance judiciaire tunisienne, Souab est aujourd’hui emprisonné sur ordre d’un pouvoir qui se sert de la loi comme d’une matraque. Tout comme les autres détenu.e.s d’opinion, sa détention, fabriquée de toutes pièces par des accusations frauduleuses, n’est pas un fait divers : c’est le symptôme d’un État qui abandonne le droit pour installer son règne autoritaire.
Des tunisiennes et des tunisiens, dont des membres des familles des prisonnier.e.s politiques et d’opinion, vivant en France se sont mobilisé.e.s pour se joindre aux dizaines de milliers de manifestant.e.s qui ont formé le cortège du 1er mai. La manifestation ne se résumait pas à une juxtaposition de slogans et de drapeaux : elle a incarné, en plein cœur de Paris, la solidarité des diasporas et des exilé·e·s, la voix des opprimé.e.s et des militant·e·s, l’écho d’une jeunesse prête à reprendre le flambeau des luttes. À chaque pas, résonnait la même certitude : défendre Ahmed Souab et les autres détenu.e.s politiques, c’est défendre les droits et les libertés, la séparation des pouvoirs, la démocratie, la dignité humaine. C’est refuser que l’arbitraire triomphe sur les principes d’un État de droit.
Depuis le 21 avril dernier, Souab subit les méthodes d’intimidation d’un exécutif qui ne tolère ni critique ni contre-pouvoir. Intersection, Amnesty International, Human Rights Watch l’ont dit : ce procès expéditif n’a qu’un but – réduire au silence ceux qui s’opposent à la confiscation de la justice. Derrière un nom, c’est tout un système qui vacille : le même qui criminalise les ONG, suspend le Parlement et démantèle l’indépendance des juges.
Ce 1er mai, les manifestant·e·s sont redevenu acteur.ice.s de l’histoire : ils et elles ont brandi leurs pancartes, leurs banderoles et leurs t-shirts, et mis au cœur du débat public une cause que l’on voulait oubliée. Entre les cris de « Justice pour Souab ! » et « Vive la Tunisie libre ! », se jouait un affrontement fondamental : celui d’une société civile déterminée contre un pouvoir qui étouffe toute dissidence.
Date symbolique, le 1er mai n’est pas qu’une protestation : c’est un acte fondateur, un moment unique de solidarité et de croisement des luttes. Arborant à la fois les têtes des détenu.e.s dans l’affaire dite du “complot contre la sûrete de l’Etat”, des journalistes, des avocat.e.s, des acteur.ice.s de la société civiles et de la migration et d’autres citoyenn.e.s injustement incarcéré.e.s depuis un an ou plus; ils et elles ont prouvé que la lutte tunisienne est aussi une lutte universelle : celle pour la liberté d’expression, celle pour l’indépendance de la justice, celle pour les droits humains.
Le CRLDHT ne baissera pas les bras : tant qu’Ahmed Souab et les autres détenu.e.s injustement incarcéré.e.s ne seront pas libéré.e.s, tant que la justice tunisienne restera muselée.
Le 1er mai 2025 marque le début d’une nouvelle séquence de résistance : le moment où la Révolution retrouve sa voix, là où on voulait l’enterrer. Notre cri est simple : sans justice, il n’y a pas de paix ; sans liberté, il n’y a pas de démocratie. Nous sommes là pour le rappeler, encore et encore, jusqu’à la victoire.